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Chaud Froid

12 novembre 2008

Il y a bien longtemps que je voyage sur le dos

images_2 Il y a bien longtemps que je voyage sur le dos d’une baleine, sans jamais m’arrêter, tout au long des océans, par-delà les mers et de l’autre côté de l’horizon. Larguées les amarres… Larguer les amarres ? Larguez les amarres . Trois points de suspension. J’ai quitté la terre en tournant le dos à la mer, assis sur mon banc de nage. Trois points de suspension comme des poussières d’îles qui disparaîtront sans tarder derrière l’horizon et que mon regard cherchera dans la grisaille de la nuit qui tombe sur les flots noirs. Un point d’interrogation pour se demander si c’est la bon choix, si c’est la bonne route, et ce qu’il y a de l’autre côté de l’océan, question qui m’obsède depuis toujours. Depuis que je me suis assis une première fois sur le sable face à l’immensité et le vide d’un inconnu qui m’aspire. Un point final comme une décision qui claque comme un coup de fouet. Je pars. Je vais traverser l’Atlantique à la rame. Un point final pour affirmer que je suis toujours vivant. Il y a trop longtemps que la baleine m’attend et qu’elle tourne sans cesse autour de la terre cherchant partout où je me trouve, si enfin je me suis décidé à prendre la mer et à me tourner vers mon destin. C’est aujourd’hui fait. J’ai sorti les avirons. Je me suis assis sur le banc de nage. J’ai craché dans mes mains et je suis devenu aujourd’hui un homme libre, seul au milieu de l’océan et qui vrille son regard sur l’horizon pour apercevoir encore, par delà les odeurs de la ville, par delà les bruits qui résonnent encore sous les flots, par delà mes rêves, encore et encore une dernière fois une poussière de la terre que je viens de quitter. Premier jour de mon journal de bord. Premières ampoules au creux des mains. Premier soir où je me suis enfermé dans le cercueil flottant qui va me permettre de traverser la mer, de traverser un rêve pour savoir enfin ce qui se cache de l’autre côté de l’eau.
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8 février 2008

Un tien vaut mieux...

images_1" Les riches forment une grande famille, un peu fermée certes, mais les pauvres, pour peu qu'on les y pousse, ne demanderaient pasq mieux que d'en faire partie." Pierre Desproges. Textes de scène. Tous les journaux du soir crépitaient la même nouvelle. Howard R.Cresus était mourant. Ce prodigieux industriel, homme d'affaire pour ne pas dire l'homme de toutes les affaires, avait marqué le demi-siècle qui venait de s'écouler de son génie, de sa ruse et de son impitoyable dureté dans toutes les transactions qu’il avait menées à son entier profit. Que ce soit dans l’aviation qui était sa passion, l’industrie qui était une nécessité ou la finance qui était pour lui un gigantesque monopoly, il gérait, dirigeait, absorbait, engloutissait des sociétés, avait un appétit énorme pour tout ce qui pouvait renforcer son pouvoir, sa puissance, son désir de posséder la terre entière. A mesure que son empire gonflait, lui, s’était épanoui, sa panse avait rempli ses pantalons. Elle avait même débordé jusqu’à envahir l’espace autour de lui, jusqu’à engloutir ses amis, ses collaborateurs, sa famille. Howard était un monstre d’intelligence au service d’un ego qui enflait plus vite que sa fortune. Une pieuvre, la pieuvre comme l’appelait ceux qui pouvaient l’approcher car au fur et à mesure qu’il enflait, il devenait transparent, invisible. Il se protégeait le plus possible. Il installait autour de lui de multiples barrages, créait un mythe par son mystère, devenait un demi-dieu. Il inventait une légende pour l’avenir. Aussi injuste que cela lui paraissait, il devrait pourtant mourir un jour, revanche des petits et rappel à l’ordre pour les puissants. Dupont, Dubois ou Cresus, pas de différence ! C’était insupportable. Il construisit une tour d’ivoire. Peu de gens pouvaient l’approcher. Ils devaient garder le secret absolu sur l’état, la santé physique ou mentale d’Howard . En échange, ils étaient payés comme des rois. La fidélité de ces quelques disciples était sans faille. L’homme était gardé, isolé, momifié de son vivant. Les bruits les plus fous commençaient à circuler. On disait qu’il était mort, qu’il était devenu fou, qu’il était aux mains des services secrets qui le manipulaient. On prétendit qu’une puissance étrangère le retenait prisonnier. Le pape lui-même, dut démentir le bruit selon lequel Howard était retenu prisonnier dans les caves du Vatican. L’image de cet homme qui avait été autrefois beau et sportif, disparut peu à peu de toutes les agences de presse, rachetée minutieusement par les fidèles qui construisaient l’histoire officielle sous la férule du terrible maître. La seule photo disponible le montrait à son bureau, trônant sur son empire du haut des ses quarante ans. Or, sa biographie laissait un flou artistique sur sa date de naissance qu’on situait très approximativement au 1er janvier 1900. L’homme était né avec le siècle. Il avait fait ce siècle, il était ce siècle. Et il allait mourir le 31 décembre 1999. Le siècle d’Howard R.Cresus ! Cette fin semblait arrangée mais à la façon dont les journaux s’emballaient, on pouvait penser que la nouvelle était vraie. Pourtant plus d’une fois on l’avait cru moribond. Partie d’on ne savait où, démentie par on ne savait jamais qui, la rumeur façonnait à chaque fois un peu plus le mythe. A l’instant même, on annonçait à la radio que Howard R.Cresus, avait été hospitalisé à la suite d’une attaque cardiaque et que l’hôpital personnel situé au vingt-sixième étage de la tour de 50 niveaux dans laquelle il s’était réfugié depuis plus de quarante ans, avait été mis en alerte. Les plus grands cardiologues du monde entier avaient été conviés à son chevet. Le building de dressait maintenant dans le crépuscule d’une nuit qui s’annonçait interminable. La ville entière retenait son souffle. De la tour noir dressée dans un ciel agonisant, les lumières du vingt-sixième étage s’étalaient jusque sur les curieux massés au pied du donjon mystérieux. Howard luttait contre les ténèbres. Débauche de moyens sans doute destinés à effrayer la grande faucheuse ! La télévision avait installé ses caméras au pied de la tour du grand homme et montrait une façade de verre, violemment éclairée par de puissants projecteurs. On guettait le dernier faux-pas. Les corbeaux attendaient le cortège. On salivait, on frissonnait à l’idée du prodigieux spectacle que serait son enterrement. Des journalistes faisaient des commentaires circonstanciés et très très respectueux. Beaucoup des télévisions appartenaient à Howard. Il n’était pas encore mort et l’attente était insupportable. Personne n’aperçut le petit homme gris qui se faufilait discrètement dans l’immeuble par l’entrée des service. Il tenait à la main une serviette de cuir usée. Sur ses épaules voutées, un pardessus vieillot donnait au personnage une allure quelconque et transparente. Le service de sécurité, renforcé pour l’occasion, le laissa entrer, le saluant d’un « Bonsoir Professeur » qui démontrait que l’homme avait ses entrées. Il appuya sur le bouton d’appel de l’ascenseur. Un clavier numérique clignota et le professeur tapa un code. La porte s’ouvrit. Il entra dans les lumières qui tombait du plafond de la boite de fer . Une musique acidulée l’enveloppa. La porte de referma sur le vieux professeur qui essuyait ses lunettes. Dans l’antichambre de la pièce om Howard reposait, les plus célèbres sommités du monde médical faisaient des pronostics vitaux très variables. Le professeur entra. Les voix se turent. Des paires d’yeux réprobateurs le fixèrent. Imperturbablement le vieux traversa le flot de haine. Il souriait, presque tristement. Sa main s’avança vers la poignée de la porte du malade. Howard était derrière. Howard attendait. Il avait appelé le vieil homme. Avant d’entrer le professeur se tourna vers ses ennemis. Ses yeux brillaient. Il les fixa les uns après les autres. Pas un ne put supporter très longtemps le regard perçant du petit homme grisâtre. Il ouvrit la porte. « Bonsoir Howard ». Le mystère descendit alors sur l’immeuble. La nuit se fit plus sombre encore. Un uage épais et noir enveloppa la tour qui parut plus terrible et plus menaçante que jamais. Le temps lui-même se tendit, s’épaissit, s’assombrit. Un grondement sourd rampait sous la ville. La nuit dura mille ans, dit-on. Au petit matin, la porte de l’ascenseur laissa glisser le flot de musique douce et le vieil homme. Il était plus courbé encore et une immense fatigue se lisait sur son visage. Il sortit, ou plutôt son reflet sur la porte vitrée du porche principal de l’entrée d’honneur de la grande tour du grand Howard laissa échapper la silhouette d’un homme qui avait l’âge de la nuit qu’il avait tenue dans ses mains. Des milliers de micros se tendirent. L’homme prit le temps d’essuyer ses lunettes. « Il vivra… » . Un silence comme un brouillard envahit la place. Un battement clair et régulier remplaçait maintenant le grondement menaçant de la nuit. Le jour se levait. Les ténèbres se dissipaient. L’air était redevenu transparent. Le vieil homme regarda le ciel, respira profondément et dit : « Ce sera une belle journée ». Son cartable de cuir à la main, il descendit les marches du perron principal et disparut dans la foule, un sourire presque joyeux aux lèvres. Howard vivrait grâce à lui. Le vieil homme venait de remplacer le cœur défaillant du milliardaire par la seule chose encore capable de le maintenir en vie. Un portefeuille.
20 janvier 2008

Au pied du chêne. Chapitre 3 . Douter.

imagesQuel immense vide me reste-t-il ? Quelle tâche dois-je accomplir ? Je le sais, mais je ne peux dire ce qui me conduit sur terre et pourquoi. J’ai le pressentiment, mais me suis-je avoué que je pouvais le faire. Je n’y crois pas encore… J’ai pourtant la terrible impression que je porte parfois sur mon dos toute la tristesse du monde que je pourrais effacer d’un trait. Dans cette voix qui me vrille le cœur j’entends le tonnerre de la houle qui se brise sur le sable et la roche, j’entends la fureur de l’océan qui gronde et je vois les éclairs qui déchirent la nuit de leur brutal aveuglement, je peux toucher les plaies de malades sans souffrir à mon tour, je respire l’odeur terrible de la mort que j’ai déjà vaincue, je goûte l’amertume de la vie qui ne me laisse aucun goût dans la bouche…Pourquoi ne pas croire que j’ai déjà vaincu tout cela ? Espérer et porter dans cette espérance aveugle l’avenir du monde. Ai-je le droit seulement ? Et si tout cela n’était finalement qu’un long rêve, une nuit de la Saint Jean ? Et si j’ouvre les yeux pour m’éveiller encore une fois du long sommeil ? À la fin des fins peut-être ouvrir les yeux… Et le monde s’envolera alors comme les paillettes de feu d’une nuit d’été, dans un songe. Est venu le temps de le parcourir.
11 janvier 2008

Au pied du chêne. Chapitre 2. Mon père ce chêne.

images_4Je me souviens de ma première rencontre avec le monde. J’avais à peine un an et j’étais seul dans une immense forêt, abandonné là par ma mère qui ne s’était toujours pas habituée à ma survie. Il lui prenait de temps à autre la fantaisie de m’oublier, pour être bien sûr que j’allais survivre, pour donner une chance encore une fois au destin de s’accomplir avant qu’elle soit trop habituée à ma présence. Ce jour-là, elle jouait à me perdre dans les bois. J’étais installé au pied d’un chêne. Au pied des chênes se produisent des merveilles. L’auguste avait ouvert ses bras pour me perdre dans les secrets intimes de ses branches. Je sentais les années nombreuses qui avaient passé sur son feuillage, les longs hivers noirs et les printemps de renaissances. Je voyais avec lui la succession des saisons qui donne une dimension au temps. Les vieux chênes vivent avec les étés et des hivers, alors que nous vivons avec les jours et les nuits. Celui-là avait connu la guerre de cent ans, avait nourri de ses fruits des sangliers indomptables et donné de l’ombre à des cerfs magiques. Ma mère avait tourné le dos. Elle s’était éloignée sur le chemin et je n’avais pas pleuré. Je n’avais pas peur. J’ai tout d’abord vu deux immenses perles jaunes qui brillaient dans la pénombre. Deux yeux lumineux. On aurait dit une lumière allumée pour attirer mon regard. Pour se perdre dans les cavernes profondes de ses pensées à elle. Ses dents blanches luisaient dans la douceur du sous-bois. Elle souriait. Je connaissais son existence par les histoires qu’on raconte habituellement aux petits. Mais je savais déjà, contrairement aux autres enfants, que ces histoires sont vraies. Souvent déguisées pour ne donner qu’une partie de la vérité, pour ne pas montrer trop clairement les autres mondes. Un autre monde, deux autres mondes, trois, quatre, des centaines, des milliers, longent , croisent, chevauchent notre monde à nous. Des anges les traversent pour nous tirer les orteils quand nous dormons. Les fées sont cachées dans les bois. Elles nous soufflent dans le cou et nous croyons que quelqu’un nous regarde. Nous nous retournons alors pour apercevoir un éclat de lumière au coin d’un feuillage. C’est là que ceux qui sont partis attendent tendrement, pardonnant tout, pleurant parfois sur notre dureté, espérant toujours que nous sourirons, attrapant le moindre éclat de nos rires pour en faire un festin, nous berçant quand nous dormons, frôlant la joue du bébé qui sourit, approchant notre tête de ce sein qui nous a nourri pour lui apporter encore un peu de chaleur, nous tenant la main sans que nous nous en apercevions pour traverser le pont fragile de nos existences, et quand nous tombons et que nous avons mal, ils souffrent avec nous, apaisant nos douleurs comme ils le peuvent, comme ils le voudraient tellement. Mais nous résistons et nous ne laissons pas nos fantômes traverser nos vies suffisamment pour éviter les douleurs et la peine. Il faut laisser entrer la tristesse pour les avoir à côté de nous. C’est un signe donné, un tout petit signe donné pour montrer que nous n’oublions pas. La nostalgie est bienveillante. Elle raconte que nous venons d’un monde qui n’existe plus et que nous portons encore en nous. La femme loup s’approcha de moi et s’assit. Son poil noir dissimulait mal de grosses mamelles lourdes de lait qui perlait. Ses grands yeux jaunes transpiraient la tendresse. Elle était à la fois sauvage, racée, femme de grande beauté. Un charme paisible se dégageait d’elle. Ses gestes étaient souples et gracieux. Elle était ample et douce. Deux jeunes enfants nus la suivaient et s’installèrent pour téter et s’endormir. Elle ne dit rien. Je me demandais si je devais sortir du berceau dans lequel ma mère m’avait installé et la suivre au plus profond des bois abandonnant le monde des humains, devenant à mon tour un enfant loup, un enfant sauvage épris de courses rapides et du vent froid du nord et de neiges glacées. Devrais- je comme dans mes rêves m’allonger et courir aussi vite que le vent, sans sensation de pesanteur, être libre de fuir droit devant moi sans savoir si un jour je devrais l’arrêter et trouver ma maison, ou aller plus loin encore et encore sans frontière, sans peine et sans attachement, libre comme le vent du nord qui coule dans mes veines. Passa un long moment ainsi. « Alors voilà l’enfant né d’un soupir… », demanda-t-elle. « Tu dois avoir fait un bien long voyage pour soupirer de la sorte, toute la forêt t’a entendu… » « J’étais fatigué » me surpris-je à répondre. « Peu d’enfants naissent ainsi, portant ce signe. Ton voyage ne fait que commencer. Si tu le veux , suis moi au plus profond de la forêt pour y devenir un souffle de vent, ou reste pour accomplir ta tache. C’est maintenant que tu dois choisir. » « J’ai déjà choisi d’être là. » J’écoutais les arbres qui me racontaient une vie à venir. Un rayon de soleil jouait dans mes yeux, se cachant derrière une feuille, clignant plus fort avant de disparaître. Des milliers de mondes minuscules apparaissaient dans ce rayon pour repartir tout aussitôt. Les deux grands yeux de la femme loup se rapprochèrent alors de mon berceau et elle vrilla son regard dans le mien. J’entrais alors dans les cavernes lumineuses de son regard comme dans un tourbillon infini, je volais, j’étais aspiré dans une galaxie d’étoiles. Dans ce maelström, j’étais emporté et franchissait les portes du temps. Je vis une main ouverte d’où jaillissait la lumière qui se répandait en filaments tortueux qui coulaient comme une eau pure et nouvelle. Les couleurs changeaient en s’étirant jusqu’à exploser en milliers d’étoiles filantes qui retombaient en feu d’artifice et s’enroulaient en formant d’énormes toupies géantes. Je vis naître des étoiles, des soleils et des planètes dans le silence. Une paix immense formait l’univers dans une harmonie de formes et de mouvements. Elles dansaient. La main était toujours ouverte et se tendait vers moi. Je la pris. Il était immense mon père. Il était fort et me guidait. C’était le héros de toute ma vie à venir, celui que je quitterai un jour pour tendre ma main à mon tour. Pour ne pas briser la chaîne… Les yeux jaunes me regardaient toujours. Je la voyais de nouveau. Et elle me parla encore une fois. « Tout est là. Ce que tu sais depuis toujours est là. Il n’y a rien d’autre qui tient le monde en vie. Cette main qui se tend et t’accompagne. Cette main que tu lâcheras pour suivre ton chemin, et celle que tu prendras pour aider à ton tour à traverser une portion de vie. Tout est là. » Je m’endormis alors. La certitude d’être pris dans le tourbillon de la vie m’avait empli de douceur et de tendresse. Et même aujourd’hui que je suis bien vieux, je ne peux me souvenir de ce moment où mon père s’est penché sur mon berceau pour la première fois sans qu’une immense tendresse m’envahisse et me transporte au pied de ce vieux chêne. « Bienvenue parmi les hommes… »
10 janvier 2008

Au pied du chêne. Chapitre 1. Naissance.

images_3Je suis né un matin de pluie. Le ciel avait décidé ce jour-là de déverser sur la terre des torrents d’eau. Elle tombait en averses lourdes depuis des nuages chargés de ténèbres. A l’heure où le ciel était habituellement lumineux, il faisait encore nuit. Ma mère était restée longtemps allongée sur sa couche. Elle avait bien senti aux premières faibles lueurs du jour que le tonnerre allait lui déchirer les entrailles. Rien ne serait plus jamais comme avant. Son ventre s’ouvrirait pour me laisser sortir. Je me rappelle de mon premier soupir. J’étais sorti et j’avais soupiré. Ne pas trop s’attacher à un enfant qui naît en soupirant, comme un début d’éternité. Seuls les mourants expirent de cette façon. C’était une bien singulière entrée dans la vie que d’y faire son premier pas en marche arrière ! Ma mère me prit malgré tout sur son sein et pleura sur mes joues fripées et rougies par la morsure de la vie. Je souriais. J’étais enfin libéré. Voir enfin la lumière, contempler le monde que j’avais imaginé pendant ma longue traversée. Je venais de l’autre côté de la mer. Un si long voyage mérite bien un soupir. Je me débarrassais de la fatigue du chemin. Je n’avais pour ma part aucune intention de repartir avant d’avoir pu admirer toutes les merveilles que je m’étais imaginées pendant le long sommeil du voyage. Un étrange sentiment m’envahissait, quelque sensation au creux du ventre que je ne connaissais pas. Et l’impossibilité de la contrôler cette drôle de chose inconnue… Alors bousculé par l’émotion, prenant à mon compte toute la tristesse du monde, m’adossant à ces milliers d’enfants qui regardent les adultes depuis la nuit des temps sans les comprendre, désespéré par un oisillon au creux de mes mains qui laisse sa tête s’effacer et retomber pour mourir doucement loin de son nid, déchiré en pensant à cette petite fille qui découvre sur le bord de la route son chat endormi dans une position indécente, étouffé par les larmes retenues d’un père qui laisse son fils pour la première fois à l’école, comme un signe d’une séparation à venir, envahi par les images du monde et de ses beautés, englouti par le sang rouge d’un soleil couchant, baigné par une vague explosant dans la lumière de la tempête, émerveillé par un ciel d’encre, étourdi par le vent, pris de vertige en face des milliers d’étoiles d’une nuit sans lune, hurlant de joie, applaudissant, pleurant de joie, pleurant de tristesse, je laissais couler sans bruit un flot de larmes tièdes et sucrées. Ma mère sourit alors et se dit que je devais être muet. Cette explication lui donnait une clef. Celle de mes pleurs silencieuses, une clef de ma vie. J’étais entré dans le monde sachant déjà, sachant depuis toujours, la tristesse et la joie. Mon père, ce géant, ce héros, se pencha alors sur ma minuscule personne et dit : « Bienvenue parmi les hommes » et son visage aussi était baigné de larmes…
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10 janvier 2008

Sur mes épaules...

images_2 Je t'ai posé sur mes épaules Comme on pose un souffle Un espoir. Et dans le soleil d'une Rome apaisée Au soir d'un jour de chaleur Je t'ai posé sur ma vie Pour t'offrir l'horizon D'un espoir et d'une vie meilleure Où chaque jour, chaque matin et chaque soir Doit être le crépuscule d'un monde qui se referme Sur autant de souvenirs Que ce matin où je t'ai posé sur mes épaules. Pour mon fils 10 janvier 2008.
27 novembre 2007

Fabliau ou conte ?

Toute ressemblance avec des personnages existant ou ayant existé serait pure coïncidence.
27 novembre 2007

La montagne blanche.

montagnesIl y a très très longtemps dans un pays très très lointain, vivait un vieux roi sur une montagne blanche. Son palais était orné de mille fleurs différentes qu’une armée de jardiniers était chargé de renouveler chaque jour. Ainsi vivait-on dans ce palais sur la montagne blanche dans les mille senteurs différentes qui embaumaient le château. Pour gouverner le vieux roi s’était entouré d’un gouvernement d’animaux. Ceux-ci étaient réunis une fois par mois en séance solennelle. Le vieux roi parlait alors et demandait gentiment à chacun son avis avant de décider seul comme il l’avait toujours fait. Au singe qui passait beaucoup de temps à se prélasser dans son arbre et qui recevait chaque semaine un énorme panier de fruits frais, il avait demandé de s’occuper des troupeaux qui s’étaient constitués ça et là dans la plaine pour que chacun broute à son envi sans que l’autre lui fasse ombrage. A l’âne il promettait de bientôt s’occuper des fêtes et spectacles que le vieux roi avait l’habitude d’organiser mais qu’il ne voyait jamais. Il aimait à savoir que de nombreuses fêtes étaient organisées dans son royaume mais préférait sans nul doute la tranquillité de son palais et de ses appartements dans lesquels il pouvait rêver à l’abri du regard de ses sujets. L’âne était fou de joie à l’idée de pouvoir un jour organiser enfin la grande revue des poules et des dindes à laquelle il rêvait depuis si longtemps ! A la sérieuse chouette il avait confié les livres de comptes et chaque jour cette dernière hululait en alignant des chiffres les uns derrière les autres sans commettre une seule erreur. C’était la plus sérieuse. Au facétieux merle qui venait parfois lui siffler dans les oreilles, la chouette donnait un coup d’aile qui lui remettait les idées en place. Au cochon, le roi avait confié l’organisation de la campagne et de l’agriculture. Le cochon organisait, organisait, pondait note sur note, dépensait une énergie incroyable à tracer des plans qui ne servaient jamais et surtout il était incroyablement calé sur ce qu’il aurait été opportun de faire ou de ne pas faire si on lui avait demandé son avis ! A une souris grise il avait confié l’école du château ce qu’elle faisant toujours en souriant, toujours en courant d’un endroit à l’autre pour offrir ses services à qui en avait besoin. A un vieux lion à la crinière rougeoyante il avait réservé une place à ses côtés pour contenir les ardeurs du vieux mâle qui aurait pu réveiller la forêt en rugissant de colère. Les jours s’écoulaient ainsi dans le royaume de la montagne blanche. Le singe se prélassait, l’âne croyait que ses rêves seraient réalité un jour prochain, la chouette comptait sans fin, le cochon traçait des plans sur la comète, et le vieux lion ronronnait aux côtés du vieux roi. Un beau matin, un cavalier blanc sur un cheval blanc se présenta à la porte du palais. Il demanda à voir le roi qui le reçut sans plus attendre. L’entretien dura une heure et trente-trois minutes exactement et personne ne sut rien de ce qui s’était dit entre les deux hommes. Quand la porte du cabinet particulier s’ouvrit pour laisser sortir le messager, le vieux roi était aussi blanc que le costume blanc du cavalier qui enfourcha sans attendre son cheval et disparut dans la pénombre de la forêt qui entourait la montagne blanche. Le roi s’enferma alors dans ses appartements et personne ne le vit trois jours durant. Au bout des trois jours le vieux roi sortit et réunit son gouvernement d’animaux. Il avait l’air très vieux et très fatigué . Pourtant, on sentait dans sa voix une détermination que même le vieux lion n’aurait pas cherché à contrarier. Tous étaient réunis autour de la grande table du conseil, inquiets ils attendaient que le vieil homme parle. « Je dois partir en voyage, leur dit-il, mais avant de partir je dois confier à l’un d’entre vous les clefs du palais. Lequel d’entre vous, pouvez-vous me le dire, pourra me remplacer ? » Le vieux lion cessa de ronronner et prit la parole. « Ne suis-je pas le roi des animaux ? Ma force n’est-elle pas légendaire ? Qui oserait s’opposer au lion ? Ainsi suis-je le mieux placé pour te remplacer…en attendant ton retour. » Une étrange lueur brilla au même moment dans l’œil du lion. Le singe prit à son tour la parole. « Malgré tout le respect que je dois au roi des animaux, il me semble, cher, très cher vieux roi que personne mieux que moi ne pourrait te remplacer. J’ai passé les longues années qui viennent de s’écouler à observer un haut de mon arbre. Je sais où va le monde et ce qu’il serait important de ne surtout pas bouger pour que tout continue comme il en a toujours été. » Puis ce fut la chouette. « Hou hou… ! 22 + 67 = la preuve que c’est moi. » Elle enchaîna par une série de chiffres et de formules qui démontraient de façon irréfutable qu’elle était la mieux placée. Le cochon se gratta puis après un pet et un grognement prit la parole. « J’ai tout organisé, il suffit de suivre mon plan pour comprendre, j’ai d’ailleurs commencé, grouic-grouic ! » Comme la souris ne disait rien le vieux roi se tourna vers elle et lui demanda. « Et toi ? Qui penses-tu être le mieux placé pour prendre ma place ? » La souris se frotta le museau et répondit. « Je pense avoir travaillé pour ça, mais je ferai comme tu décideras. » Le vieux roi s’enferma alors de nouveau dans ses appartements durant trois jours. A l’issue de sa retraite, il ouvrit la porte. Il avait maintenant l’air reposé et déterminé. Son bagage était prêt et il avait demandé à son cocher d’atteler son plus beau et plus confortable carrosse pour le long voyage qu’il devait entreprendre. Au moment de monter à bord il se tourna vers son gouvernement réuni au grand complet venu pour le saluer avant son départ. Chacun guettait le signe imperceptible qui ferait de lui « le » successeur. Le lion s’était fait frisé la crinière pour l’occasion, la chouette gonflait ses plumes pour paraître plus grosse, le singe se tenait debout imitant de façon grotesque et martiale la démarche du vieux roi, l’âne ne pouvait retenir un braiement qui assourdissait tout le monde, le cochon était presque propre au milieu de ses liasses de plans. Seule la souris grise ne bougeait pas et était comme à l’accoutumée. Le roi monta à bord du carrosse, ouvrit la fenêtre et dit avant que le carrosse ne s’élançât sur la route sombre de la forêt qui entourait la montagne blanche. « Ce sera la souris grise… » Un grand silence suivit le vacarme du roulement du départ du carrosse. Tous les yeux se tournèrent alors vers la souris. « J’ai un plan B » dit le cochon et il courut vers son bureau pour y établir de nouveaux plans. Le lion dit : « Je n’ai pas bien entendu, c’est moi c’est cela ? » « Pas du tout, répondit immédiatement le singe, ce roi n’est, pardon ! , n’était qu’un vieux fou qui n’avait plus toute sa raison. Je suis le successeur, ce n’est pas possible autrement. J’ai d’ailleurs la plus grande partie des gènes de mon espèce en commun avec l’homme. Vous voyez ! » Pendant qu’il tenait ce discours le lion en avait profité pour gober la chouette et toutes ses litanies de chiffres. Dans un tourbillon de papier le cochon était réapparu grognant plus fort que jamais. « J’ai un plan, j’ai un plan ! » « Ah oui ? demanda le singe, et lequel ? » « C’est moi ! » Puis il s’empressa de courir s’installer sur le trône désormais vide du vieux roi de la montagne blanche. Il se fit apporter de la confiture dont il se gava. Trois jours durant dit-on la dispute des prétendants fit rage. Le lion finit par manger le cochon et ses confitures, il fut assommé par le singe qui lui jetait des noix du haut de son arbre, seule la petite souris grise ne bougeait pas de son perchoir. Juchée sur la petite caisse rouge qui lui permettait de se mettre à la hauteur des autres pour leur parler gentiment, elle tenait les clefs sérieusement. Le lion beaucoup trop occupé à essayer de dévorer le singe qu’il avait fini par attraper en grimpant au plus haut du grand arbre qui abritait le primate prétentieux, se dit qu’il mangerait la souris le quatrième jour et deviendrait sans conteste le roi des animaux et de la montagne blanche. Au matin du quatrième jour alors que le lion dormait encore, le bruit d’un grondement parvint jusqu’au palais depuis la forêt sombre qui entourait la montagne blanche. Tous les sujets du royaume s’étaient assemblés sur le parvis du palais quand le grand carrosse du vieux roi fit son retour au royaume de la montagne blanche au sortir de la sombre forêt. Le carrosse s’immobilisa devant le château. Le vieux roi en descendit. Le merle siffleur voleta jusqu’à lui et lui sifflota quelques paroles connues d’eux seuls dans le creux de son oreille droite, la gauche étant beaucoup trop près du cœur. Le lion réveillé par le bruit rugit et chacun entendit bien dans le terrible rugissement qu’il avait décidé de manger la souris grise pour devenir enfin roi. On entendit un claquement de fouet, le bruit d’une cage qui se refermait, le vrombissement d’un camion de cirque et plus personne ne vit plus jamais le vieux lion. « Je te l’avais bien dit, dit le roi à la souris grise, et si je n’étais pas revenu le lion te dévorait ! » « Je sais, dit la souris grise, mais j’avais reçu de toi les clefs. Tu me condamnais donc si tu savais ce qu’il adviendrait ! » Le roi ne répondit pas. La souris grise lui rendit alors les clefs , tourna le dos, se rendit à son école, posa la craie sur le rebord du tableau noir après avoir écrit en belles lettres anglaises la date du jour, fit un modeste bagage et retourna au palais. Là, elle monta dans le beau carrosse, le fouet du cocher claqua et plus personne ne revit jamais la souris grise au royaume de la montagne blanche entourée par une sombre forêt. Peu après son départ, beaucoup de ceux qui furent les élèves de la souris grise à l’école du château quittèrent le royaume qui finit par se vider. Le vieux roi y vit encore seul, sans fête et il arrive parfois, les soirs de pleine lune que le fantôme d’un cochon pète en soulevant une liasse de vieux parchemin rempli de plans inutiles.
27 novembre 2007

Trois mots...Dialogue et didascalies (3)

Dernier des trois textes de la série et après on retourne à des choses que j'espère plus rigolotes ! L'idée ici, c'est de mettre en présence quelqu'un qui a une vraie réflexion sur le théâtre et un interprête en devenir, bourré de certitudes. Le professeur dépasse le simple cadre de l'expression théâtrale pour donner sa vision de l'art. Les mots font partie d'un tout qui détermine notre humanité. Cette culture commune inconsciente collective dépasse notre conscience, sans nous manipuler elle nous élève.
27 novembre 2007

Dialogue et didascalies (3)

imagesLe professeur de théâtre dit : « C’est exact, c’est un mensonge. Le théâtre n’est pas la réalité. Et c’est même bien mieux que cela. Le théâtre se sert du mensonge pour faire apparaître une vérité universelle ». Un des élèves répond et questionne : « Mais… » Il hésite et cherche ses mots. « Comment un mensonge peut-il faire apparaître une réalité universelle ? Un mensonge reste un mensonge. Et surtout comment pouvez-vous dire, vous, que le théâtre est un mensonge ? » Le professeur sourit. « Mais tout est mensonge au théâtre, le décor de carton-pâte, les maquillages, votre façon de dire le texte d’un auteur, la lumière même, la terriblement essentielle lumière est fausse. Elle nous donne à nous spectateurs, une indication sur ce que pense le troisième marron de l’affaire, le metteur en scène, une indication sur son interprétation de la pièce et de la situation jouée ». Un silence. « Tout est mensonge au théâtre, mais un mensonge essentiel ». L’élève reprend la parole. « Mais quand je joue, je vis la situation, j’éprouve des sentiments, je suis à ce moment là le personnage ! ». Le professeur. « Oui bien sûr mais ne mélangez pas tout et surtout ne donnez pas plus d’importance à ce que vous ressentez qu’à l’acte théâtral en lui-même. Vous n’êtes qu’un passeur ». Le regard de l’élève est interrogateur. Le professeur reprend. « L’autre jour vous m’avez donné une scène de Richard III. Expliquez moi s’il vous plaît la situation ». L’élève reprend. « Et bien, lady Anne porte en terre son mari. Elle est arrêtée par Glocester qui lui déclare sa flamme. Elle le hait car elle sait qu’il est le meurtrier de son mari. Il finit par lui faire accepter un anneau qu’elle met à son doigt ». Le professeur réfléchit un peu et poursuit à son tour. Il sourit légèrement. « Quelqu’un a-t-il quelque chose à ajouter ? ». Silence. Il reprend. « Voilà sans doute une des scènes du théâtre les plus complexes. Un homme interrompt l’enterrement pour dire à la veuve qu’il l’aime. Elle lui crache à la figure, physiquement je veux dire, c’est dans la pièce, et l’envoie au diable. Puis, à force de paroles elle finit par accepter de porter, de porter à son doigt, l’anneau que Glocester lui a donné ! ». Silence suspendu aux paroles du professeur. « Mais enfin, c’est totalement incongru. Absurde ! Ou alors cette pauvre Anne est simplette ! Pas un seul instant, l’un d’entre vous ne s’est pas posé la question de la logique de cette scène. Personne ne s’est posé la question de savoir si tout cela était plausible ? Personne. Non ? Et pourquoi ? Parce que le mensonge a fonctionné. Vous avez avalé la vérité universelle de cette scène qui nous dépasse tous et qui dépasse les mots avec lesquels elle est écrite. Nous ne sommes pas blanc ou noir, nous ne sommes pas des êtres ou totalement mauvais ou totalement bons. Il y a dans chacun de nous du blanc et du noir. Voilà ce que dit cette scène et cette vérité-là, universelle, vous l’avez acceptée parce qu’elle était évidente . Glocester est attendrissant et sa déclaration est touchante. Il est foncièrement amoureux de Lady Anne, ça se voit, ça s’entend. Pourtant ce salaud vient d’empoisonner Plantagenet. Et que dire de Anne ? Elle accepte de parler à l’assassin de son mari ! Mais c’est indécent, c’est une traînée oui ! Qui est le salaud de l’histoire ? Celui qui vient de tuer ou celle qui trahit ?». Silence. « Imaginons maintenant que vous jouiez cette scène. Sur le plateau vous êtes un comédien hors du commun. Vous éblouissez tout le monde et vous donnez même à Glocester une dimension humaine. Pourtant ce mec est difforme. Il est laid et grossier. Et là, par un effet de grâce vous nous le rendez attendrissant, presque un enfant malheureux qu’on aimerait consoler. Imaginez également que vous, mademoiselle, vous interprétiez Lady Anne de façon si magistrale que vous nous montriez de façon évidente son côté obscur, corruptible, sans doute avide de pouvoir ». « Je reste persuadé que le spectateur continuera à aimer Lady Anne et à compatir, et il persistera à détester ce salaud de Glocester ». « Mais… » « Mais il aura été ébloui par une interprétation qui lui aura sans doute ouvert sans qu’il s’en rende compte l’esprit sur autre chose. Vous aurez fait votre travail de passeur. Vous aurez été efficace sur ce coup-là ». « C’est en cela que je vous dis que vous ne devez pas mélanger ce que vous ressentez avec ce que vous provoquez chez le spectateur ». « Vous n’êtes que des passeurs, des passeurs de mots certes, mais des passeurs ». L’élève interroge. « Je ne comprends pas ». Le professeur répond. « Il n’y a rien à comprendre. Ce mystère est plus grand que vous. Les mots que vous donnez dépassent largement nos propres existences. Ils sont un maillon essentiel, une parole qui ne s’éteint pas et qui donne à notre humanité tout son sens ». Les élèves écoutent maintenant avec respect. « Ces mots sont notre histoire et sans eux nous ne serions rien de plus que des animaux ». L’élève dit alors. « Tous peuvent comprendre ? Entendre ce qui dépasse les mots ? ». Le professeur répond. « Non sans doute, mais il faut ouvrir aussi souvent que possible les portes pour laisser entrevoir les vérités qui dépassent ces textes. Ne jamais interrompre la chaîne ». « La scène est hantée par ces vieux fantômes. Et si au soir d’une représentation vous repassez sur le plateau alors que le seul service donne encore aux choses une ombre, vous entendrez si vous ouvrez votre cœur les voix des vieux acteurs disparus qui résonnent encore de ces vérités ».
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